L’ENFANT DE L’AUTRE ou LES CLÉS D’UNE NOUVELLE VIE DE FAMILLE RÉUSSIE

Edwige ANTIER

J’ai lu, 2002

Livre résumé par Patricia Delorme en 2008 dans le cadre de la formation en relation d'aide avec Cosette Fébrissy et Jacques Poujol (Copyright relation-aide.com)

Edwige Antier, pédiatre, diplômée en psychopathologie de l’enfant, auteur de « J’aide mon enfant à se concentrer » nous expose dans cet ouvrage comment accueillir cet enfant fini, porteur d’une histoire qui n’est pas la vôtre. Cet ouvrage s’adresse particulièrement aux familles recomposées, mais aussi à ces foyers adoptant ou qui ont recours à une fécondation in vitro faisant appel à un donneur anonyme.

Elle aborde la souffrance non dite des enfants en observant chez eux des symptômes de mal-être révélateurs d’un changement familial dans l’accueil et dans la relation du nouvel arrivant en la personne du beau-parent, au sein d’une structure dite recomposée. Cette intrusion est source de conflits, qui suscitent à bien des égards un mal-être émotionnel chez l’enfant de l’autre, qui peut vite tourner en drame familial.

La séparation des parents de naissance reste toujours douloureuse pour le petit, mais également chez l’adulte. Rancœur, blessure d’amour propre, brisure d’un rêve de famille. C’est pourquoi je vais tenter d’exposer les attitudes ajustées au travers de cette expérience, et les erreurs à ne pas commettre, afin de mieux vivre une situation souvent méconnue par la plupart des familles recomposées, sur le comportement à adopter dans ce type d’approche.

Mais alors qui est l’enfant de l’autre ? Il n’est pas celui vers lequel la mère de naissance favorisera un attachement affectif dans cette proximité que crée un lien très fort, celui du sang et devra passer par une adoption dans le quotidien en allant à la connaissance de cet enfant « tout prêt ». Il n’est pas porteur du passé du beau-parent ou les sensations éprouvées au moment des réjouissances de l’arrivée d’un nouveau né, et par conséquent ne peuvent être vécues de manière équivalente dans cette relation qui les sépare déjà.

Il est différent, cet enfant n’est pas le vôtre, avec celui-là il n’y a pas de complicité immédiate. Il ne bénéficiera pas des mêmes attentions que vous avez prodiguées à votre enfant dans un cadre privilégié. Ainsi il existe un immense trou de mémoire entre vous et l’enfant de l’autre, un déficit sensoriel et affectif de plusieurs mois, et le plus souvent de plusieurs années. Il faudra construire une complicité, vous êtes cette odeur qu’il cherche à substituer à l’odeur de sa mère ou de son père.

Le plus souvent le futur beau-parent est impatient de rencontrer cet enfant, en idéalisant cette nouvelle famille, en se remémorant les difficultés encourues dans sa précédente union. Ne pas violer le territoire intime de cet enfant encore et toujours le fruit d’une précédente histoire, des photos de papa et maman sur le mur qui fait ressentir un certain malaise auprès du beau-parent qui devra respecter ses repères affectifs. La rencontre reste toujours très délicate, il n’est pas l’héritier spirituel, génétique, celui qui porte le nom de votre union. Il n’est pas désiré, son destin n’est pas le prolongement du beau-parent qui n’a pas de projet à lui transmettre.

L’investissement à l’égard de cet enfant sera différent, les comparaisons se font ressentir, ses manques seront plus vite décelés, bien plus que des qualités. Ses différences se remarquent tout particulièrement chez l’homme, qui attache encore plus de valeur à la réussite intellectuelle, sociale, sportive, supportant difficilement la réussite de l’enfant de l’autre au détriment du sien.

Par conséquent la maman peut se sentir seule face à cette rivalité, accentuant les douleurs émotionnelles de cet enfant, se sentant doublement abandonné. Le parent malheureux, lui, transmet inévitablement son mal-être qui portera les stigmates de ces douleurs diffuses, se manifestant par des maux de ventre, une perte d’appétit, ou à l’inverse un excès de poids.

L’enfant de l’autre se charge du capital d’échec du parent blessé et le manifeste par des symptômes qui ne pourront être soulagés uniquement par des paroles de réconfort : « Papa et maman sont en colère, mais ils s’aimeront toute la vie en devenant amis ». Très souvent le désarroi de l’un des parents complique la relation entre l’enfant et son beau-parent, qui est souvent au cœur d’une séparation mal vécue. Il n’y a pas de séparation sans souffrance parentale, et l’enfant en porte les cicatrices.

Le parent quitté cumule blessure amoureuse et blessures narcissiques, en choisissant de combattre son ex conjoint en prétendant par ce moyen protéger son enfant. A l’inverse, le parent qui décide de partir n’endure pas les mêmes blessures et sa décision de rupture est souvent due à l’accumulation de souffrances. Parfois sous ce couvert, le silence demeure, laissant place aux non dits. Plus jeune est le petit protégé, plus ses antennes devinent tout.

Les enfants ressentent le changement dans lequel le parent s’installe, un remplaçant se profile, maman est plus séduisante qu’à l’accoutumée, de nouvelles odeurs, des absences inhabituelles, des chuchotements au téléphone et puis une crise d’asthme, somatisation assurée, il se passe quelque chose de différent. Sans explications, l’évènement suscitera des réactions sur la santé de l’enfant qui questionnera son parent par son corps. Plus lourd est le secret, plus lourd sera l’accueil du nouveau beau-parent.

La première entrevue doit rester simple, sans excès dans le questionnement, avec beaucoup de respect afin d’éviter un sentiment de malaise. L’enfant juge surtout la façon dont le nouveau compagnon se comporte avec son parent, à savoir qu’il ne faut pas oublier que l’enfant de l’autre est habité par le chagrin de l’absence de son autre parent. Trop de bonheur d’un côté, plus que dans l’autre foyer, lui est insupportable et il devra s’adapter émotionnellement à ses deux habitations distinctes. Le beau-parent ne cherchera pas une relation affectueuse trop poussée et se conduira avec lui comme s’il s’agissait de l’enfant d’un ami.

Se pose alors le problème du territoire dans ce lieu inhabituel s’il s’agit du foyer du beau-parent. Il est d’autant plus important qu’il ait des repères qui contribueront à le protéger dans un environnement différent, en favorisant ce confort alternatif par des attentions toutes particulières, surtout si sa présence est occasionnelle. Un réaménagement du territoire en accord avec les enfants qui résident majoritairement au sein du foyer, pourrait contribuer à une meilleure intégration.

Parfois les quasi frères et quasi sœurs en fonction de leur âge cohabiteront dans la même chambre, ainsi l’enfant de l’autre pourra mieux s’adapter à ce changement, si l’accueil est collégial. Encore une fois, sa sécurité et la manière d’intégrer cet enfant mérite d’être prise au sérieux, lorsqu’il s’agit de créer une harmonie au sein d’une structure où d’autres enfants sont déjà pratiquement là à plein temps. Evitez de les favoriser, ce qui aurait pour effet de créer chez l’enfant de l’autre un sentiment d’exclusion dans cette intrusion passagère amenée à devenir régulière.

Les présentations faites, l’installation organisée et structurée, quel sera le nom ou le surnom donné au beau-parent ? Bien que l’appellation de Belle-mère soit rendue obsolète sur ce que les scénarios classiques ont bien voulu faire sur l’image de la marâtre, cette dernière a bien du mal à accepter d’être nommée de la sorte. Par conséquent, la plupart des beaux-parents préfèrent être appelés par leur prénom ; le choix de cette appellation peut s’établir après concertation entre les parties, afin que chacun se sente libre d’exprimer ses désirs selon son propre ressenti.

Ces remises en question concernant ce sujet sont parfois les preuves du poids des histoires respectives des familles, et par conséquent l’enfant peut raviver des blessures. Il est aussi important de ne pas lui imposer des choix définis par ses parents biologiques. Le beau-parent peut reporter des orientations qui dérangent l’équilibre de l’enfant, et remettre en question les convictions des parents qui auraient pour conséquence sur celui-ci la manifestation de maux divers. Les interactions dues à l’héritage de l’enfant de l’autre peuvent avoir des effets désastreux, si les bases et les fondements posés par les parents biologiques étaient remis en question.

L’autorité que peut exercer le beau-parent sur cet enfant peut être vécue difficilement, si les propos utilisés deviennent blessants voire humiliants. Il devra également ne pas porter atteinte à sa pudeur, qui risquerait de marquer d’autant plus les frontières de sa vie intime. Tout geste déplacé ou tout attouchement sont à proscrire et portent atteinte à son intégrité.

Les effets de comparaison entre les quasi frères et quasi sœurs suscitent un esprit de rivalité, lorsque le beau-parent se sent lésé vis-à-vis de son enfant, surtout lorsque ce dernier a une prédisposition à réussir là ou le sien échoue. Le désir de vouloir changer les rapports privilégiés du parent avec son propre enfant, peut déstabiliser cette relation rapprochée créée par ce lien unique et indispensable à leur équilibre.

Cette attitude conditionnelle est souvent le fruit d’une souffrance du parent dans son enfance, ce qui explique la réaction négative reportée sur l’enfant de l’autre, si certains évènements ravivaient des souvenirs douloureux. Les rivalités entre parents sont fréquentes au sujet des enfants respectifs, et l’on constate aussi que les grands-parents règlent des comptes sous le couvert d’attention à l’enfant victime d’une séparation de ses parents biologiques. Ne pas critiquer l’autre parent, ce qui a évidemment pour effet d’écorcher l’image de la mère ou du père.

Les changements de foyer, et plus spécialement pour l’enfant en visites occasionnelles, favorisent des silences qui s’installent. Par crainte des réactions des parents, celui-ci évitera d’exprimer ses souffrances, surtout si le terrain relationnel entre les parents est miné.

Le comportement irrationnel d’un parent avec son enfant peut aussi contrarier son bon développement psychologique et affectif, et peut parfois se terminer par une procédure juridique, qui peut se solder par un échec, si la requête se trouve exagérée et va à l’encontre de l’intérêt de l’enfant. Les rivalités et les jalousies parentales ne favorisent en aucun cas le passage de l’une à l’autre des familles et ne font qu’alourdir le fardeau de cet enfant, qui peut se sentir coupable d’une telle mésentente.

Se débarrasser de l’autre parent en trouvant toutes les excuses possibles pour le soustraire à son droit de visite, est condamnable par la loi, et en aucun cas le médecin doit abonder en étant complice par de telles exigences. L’enfant se réfugie souvent dans une perte d’identité lorsque l’un des parents a été trompé, humilié, ne pouvant donner de lui-même une image d’adulte positif. Les rapports parentaux peuvent conserver affection et complicité dans bien des domaines, favorisant ainsi en cas de séparation, un équilibre affectif indispensable à l’enfant.

Dans le cas de l’anorexie, manger ou ne pas manger, est souvent le seul moyen qu’a l’enfant pour manifester sa détresse. Ainsi rejeter l’un des parents et penser qu’il doit disparaître en l’accablant de fautes, fussent-elles mineures ou majeures, alimentaires ou éducatives, c’est toujours rendre l’enfant extrêmement malheureux dans son esprit et très souvent dans son corps.

Le beau-parent influence en bien ou en mal l’enfant de l’autre qui doit s’habituer à de nouvelles règles de vie. Ne pas imposer de règles fait souffrir le beau-parent et l’enfant de l’autre ressentira toujours sa désapprobation, ce qui peut être vécu comme une souffrance laissant place aux non dits. Nous verrons comment intervenir auprès de cet enfant en fonction de son âge. L’enfant de l’autre a entre 3 et 12 ans. Soit le nouveau compagnon a son enfant qui vient le week-end et la moitié des vacances scolaires, soit celui-ci vit en permanence avec l’enfant de l’autre, qui a son tour ne s’absentera chez son autre parent qu’occasionnellement.

Le réveil est très significatif selon que l’enfant se réveille chez sa mère, en se laissant imprégner des odeurs habituelles et familières, surtout dans le contact physique. La belle-mère ne pourra lui offrir ces sensations et le tout-petit sera un peu long à sortir du lit, un peu grognon. Les habitudes de l’une ne sont pas forcément celles de l’autre, par conséquent il est important que le beau-parent s’arme de souplesse afin de respecter son horloge biologique.

Un temps d’apprentissage sera nécessaire afin de mieux connaître également ses habitudes alimentaires, toujours en évitant de comparer les us et les coutumes des uns et des autres enfants au sein de la nouvelle famille. L’enfant de l’autre ne se comportera pas de toute façon de la même manière chez le beau-parent que chez son parent.

Le beau-parent aura tendance à exagérer volontiers les défauts de l’enfant, dès l’instant qu’ils sont à l’origine de conflits dans le nouveau couple. Le beau-parent va forcément rechercher le soutien du parent qui, lui, sera déchiré à l’idée d’apparaître hostile à l’égard de son enfant ou de sa compagne, il aura donc beaucoup de mal à exercer son autorité, surtout si celui-ci le voit peu. Dans ces situations, les moments du repas peuvent tourner au drame, se transformant en calvaire. Il est tout aussi traumatisant pour cet enfant de trouver la porte de la chambre du nouveau couple fermée, par exemple à l’occasion d’une grasse matinée, surtout si cela correspond à ses visites occasionnelles.

L’acte initial que lui a donné la vie entre son père et sa mère ne peut être intégré de la même manière, par conséquent quel que soit l’âge de l’enfant, la fermeture symbolique de la porte représente pour celui-ci l’idée de la copulation des adultes. De nombreux nouveaux couples affirment faire plus souvent l’amour depuis leur remariage et davantage pendant la journée. L’enfant s’interroge sur ce changement, par conséquent le nouveau couple devra redoubler d’attention à cet effet, et réserver ces moments d’intimité en toute discrétion.

Le bonjour peut aussi être vécu comme un drame, l’enfant de l’autre va davantage se blottir vers son parent. Imposer un bonjour vide de sens ne fait qu’accentuer la distance. Plus il est petit, plus il sera facile d’avoir avec lui davantage de marques d’affection. Les rapports intimes avec les plus grands seront plus délicats et par pudeur il conviendrait d’adapter les rencontres. Toutes formes d’obligations de la part du beau-parent peuvent être vécues comme une trahison vis-à-vis de son autre parent. Il convient de dire dès lors qu’il reste au beau-parent à se faire adopter en usant d’un comportement positif.

La toilette est également l’occasion de mille conflits. Le beau-parent sera plus sensible à l’hygiène de l’enfant de l’autre qu’à celle du sien. Aborder ce sujet avec tact en évitant les paroles humiliantes qui remettent en question l’éducation maternelle.

Les séances d’habillement et la gestion des vêtements tantôt chez l’un ou l’autre des parents, génèrent également des conflits, et l’enfant face aux remarques émises a vite fait de se sentir coupable, victime malgré lui. Tout excès en matière vestimentaire est exacerbé par des sentiments d’indifférence ou d’exigences qui ne correspondent pas à ses besoins.

Les gestes d’habillage sont porteurs de messages affectifs. Ne pas porter atteinte à son identité en s’autorisant à couper ses cheveux sans l’accord de ses parents, ou bien à fouiller ses effets personnels : cartable, sac ou autres contenants des secrets. Le faire avec l’accord de ses parents sera pour le coup plus acceptable.

Le suivi des devoirs peut parfois se réaliser dans un esprit d’énervement et de réprimandes, c’est pourquoi il convient pour le beau-parent de se mettre à l’écart, et laisser le parent gérer le temps scolaire de son enfant. Participer à sa réussite scolaire dans une ambiance de découverte, en l’incitant à se tourner vers le beau-parent, surtout s’il contribue à son succès scolaire. Si celui-ci a une disposition toute particulière pour expliquer les mathématiques ou faire travailler la musique, il existe maintes et maintes manières de montrer qu’il est important de tisser un lien, en s’intéressant à son imaginaire, en partageant ses enthousiasmes ; voilà le meilleur moyen de créer des relations de confiance.

Voici quelques conseils pratiques pour des rapports équilibrés lors de repas familiaux : faire participer tous les enfants aux tâches ménagères dans la mesure de leurs capacités. Favoriser une proximité à table entre le parent et son enfant lors de ses visites occasionnelles, il se sentira d’autant plus accueilli. Privilégier l’attribution d’effets personnels au moment du repas : serviette marquée à son nom, gobelet…

Eviter de prolonger le moment du repas et ne pas imposer des aliments qu’il n’a pas envie de manger. L’humiliation en présences des quasi frères et sœurs est à proscrire. Tout en essayant d’adapter la conversation au centre d’intérêt de l’enfant, chacun apprendra à se connaître.

En bref, favoriser des moments privilégiés dans des rapports de qualité entre le parent et son enfant lors des retrouvailles, contribuera à l’aider à accepter davantage cette recomposition familiale qui de prime abord était vécue comme une situation d’échec. Une compagne n’est jamais le concurrent d’un enfant dans le cœur de son père.

Quelques règles d’usage à respecter et à faire respecter, définies d’avance elles éviteront tout malentendu. Très souvent l’enfant de l’autre souffre de l’absence de son autre parent et en lui s’ancre ce désir d’échanger par téléphone ou par mail des paroles qui se veulent réconfortantes, afin de ne pas franchement couper la relation. Celui-ci doit se sentir libre d’échanger avec son autre parent. Le beau-parent devra le respecter dans sa tristesse en ne s’immisçant pas dans sa conversation, ce qui aura pour effet de le rendre plus heureux, s’il se sent respecté dans cette démarche.

Par conséquent l’enfant de l’autre se fera une joie de venir chez son beau-parent. Néanmoins il convient d’analyser le besoin qu’il aura d’appeler sur la durée et l’intensité afin que ces interventions ne se soldent pas par des factures excessives. A l’inverse les appels intempestifs de l’autre parent au moment de l’exercice du droit de garde peuvent tourner au harcèlement. Dans ce cas précis, il conviendra au foyer de poser des limites, afin que ces manifestations ne nuisent pas à l’entente du couple et à l’équilibre de l’enfant, en exposant à l’autre parent les faits en vérité, afin de clarifier cette situation.

Il se peut aussi que l’enfant ne se sente pas bien chez ce nouveau couple, il convient alors au parent d’en parler avec lui afin de l’aider à dédramatiser. Partagé entre la tristesse de sa mère au moment de la séparation et les représailles du papa, il se peut que l’enfant se sente mal dans cette nouvelle vie, ce qui nécessiterait une entrevue des parents auprès d’un psychologue ou d’un pédiatre, afin d’aider l’enfant à se sentir mieux chez les deux parents séparés. Ainsi de nouveaux moyens de communication : mails, tél. portable et autres, favoriseront des retrouvailles quand autrement la distance ne le permet pas.

En évitant les soirées qui s’éternisent, on favorisera l’équilibre psychologique de l’enfant, tout en privilégiant les moments de tendresse au coucher. En effet il survient très souvent, à cet instant de séparation, de grosses crises d’angoisse dues à l’absence de l’autre parent. Les soirées amoureuses risquent de se voir perturbées par la présence du beau-parent à un moment particulier de la journée, en un lieu précis « le lit conjugal ».

Il est d’ores et déjà important de laisser le parent biologique régler les problèmes du coucher. Et devant des demandes réitérées, le parent devra abréger en lui expliquant les conséquences d’un retard de sommeil, en posant les limites. Protéger le couple est aussi nécessaire que de privilégier des rapports particuliers entre le parent et son enfant. La nuit reste le révélateur de toutes les angoisses. En observant le climat des nuits de l’enfant, il sera très facile d’apprécier si celui-ci se sent bien. Les terreurs nocturnes sont révélatrices d’un mal-être et l’agacement du beau-parent peut se révéler culpabilisante.

Lorsque l’enfant se sent écouté et compris par tous, il convient d’observer une nette amélioration dans ses angoisses générées pendant la nuit. Il n’est pas rare dans ces cas, d’observer des énurésies à l’origine de culpabilité, suite à des humiliations dues aux changements de situation. L’énurésie a une origine psychologique si elle est apparue après une période de propreté totale d’un an minimum.

Auquel cas il convient de faire suivre l’enfant, parfois accompagné des parents et beaux-parents. L’énurésie primaire est le cas ou l’enfant n’a jamais été propre ; il s’agit le plus souvent d’une immaturité de la vessie et cela peut aussi entraîner une souffrance psychologique, surtout quand il doit faire face à un étranger. Ce type d’énurésie nécessite le soutien et la présence des deux parents par leur participation au bien-être de leur enfant.

Les dimanches matin conviviaux sont souvent gâchés par des comportements d’adultes ne prenant pas en compte les journées d’exception qui ne doivent pas être vécues comme d’habitude. L’enfant de l’autre ne doit pas être seul à gérer sa matinée, face à la porte fermée de la chambre du couple, le laissant dans des interrogations sexuelles qu’il sera amené à se poser.

Faire en sorte que ces journées créent des désirs chez l’enfant, désir de partager une activité, ce qui aura pour effet de tisser une vraie complicité avec le nouveau beau-parent. En aucun cas l’enfant de l’autre s’imposera à son parent au détriment du beau-parent ; chacun devra trouver sa place dans le respect qui lui est dû. Le partage des émotions est la meilleure façon de rentrer dans une relation d’échanges en toute confiance.

Les relations entre quasi frère et quasi sœur peuvent être source de conflits. Les rivalités, les jalousies, les souffrances des enfants de chaque parent, provoquent une véritable implosion du couple. Chacun va défendre son enfant, par conséquent il sera d’autant plus important de régler les problèmes de territoire.

Chaque enfant doit pouvoir se retrouver en un endroit précis et intime, à chaque fois qu’il rendra visite à cette famille recomposée. Le plus souvent, il sera en visite chez son père ; il sera important qu’il ait un domaine où il pourra retrouver et poser ses affaires personnels. Un espace à chacun est primordial, voire idéal.

En matière relationnelle entre le beau-parent et l’enfant de l’autre, il est important que toutes les injustices fassent l’objet d’une remise en question de l’offenseur, afin de réparer un préjudice qui pourrait nuire à l’ambiance familiale. Etre en vérité dans le seul but de rassurer, de rétablir le lien. Parfois le simple fait d’user d’indulgence avec l’enfant qui ne vient qu’occasionnellement, peut provoquer une injustice à l’égard des enfants qui résident en permanence dans le foyer recomposé. Il convient dès lors de leur expliquer pourquoi ces différences existent ; en ne niant pas les faits les enfants seront amenés à comprendre les motivations qui ne vont pas à l’encontre de l’amour que leur porte le couple.

Quand la nouvelle famille a le bonheur d’accueillir un bébé, l’enfant de l’autre est amené à jouer un rôle de baby-sitter, ce qui a le don de causer bien des troubles quant à la place qu’il se sent contraint d’occuper. Ce type de demande doit être occasionnelle et ne saurait être utilisée de manière habituelle et permanente.

Le regard que le nouveau couple est amené à porter sur ces enfants va déterminer le regard que chacun aura à poser sur lui-même. Les comparaisons de cette progéniture recomposée sont source d’humiliation, ce qui crée des rivalités entre eux. Notamment dans le domaine scolaire, l’enfant en difficulté mérite compréhension, et n’autorise pas le rabaissement de celui qui est brillant, dans le but de rehausser l’estime de celui qui l’est moins.

Un autre sujet tout aussi important, les vacances en famille, est aussi la source de conflits et il n’est pas rare de voir le beau-parent privilégiant des vacances en couple, être hostile à la présence de cet enfant. Il faut que chacun parvienne à aménager des instants privilégiés, afin que tout le monde en tire profit, en prévoyant des plages d’intimité avec son propre enfant. Si d’aventure le beau-parent prend le temps de se consacrer à l’enfant de l’autre, le parent devra exprimer sa solidarité, car en réalité, une démission de celui-ci n’est pas souhaitable et acceptable.

Eviter les cours de morale, les réprimandes et surtout les réflexions désagréables de la part du beau-parent. Une franche explication en tête-à-tête avec l’enfant règlera bien des malentendus. Accueillir les amis de l’enfant de l’autre est bien commode, sans toutefois accorder une systématique à cet évènement et dans une durée acceptable, afin de préserver les limites et les repères de la vie familiale.

Les grands-parents paternels occupent une très grande place dans le capital vacances, et il n’est pas rare d’entendre les jugements fuser à l’encontre de l’autre parent, ce qui aura pour effet de causer des souffrances sur l’image que l’enfant lui porte. Aux grands-parents de placer des filtres sur les paroles dites dans la colère et rétablir l’équilibre auprès de l’enfant. Les grands-parents maternels jouent aussi un rôle majeur. L’autorité se gagne par le respect par des actions bienveillantes à l’égard de cet enfant qui dérange les habitudes du beau-parent.

Une autorité éducatrice exacerbe d’autant plus cet enfant, qui a déjà été privé de son parent par un étranger. Ces rapports deviennent encore plus complexes quand il s’agit d’un adolescent, la métamorphose est encore plus terrible, à qui s’identifier ? Ses tendances naturelles à la provocation et à l’opposition seront encore multipliées. Le décalage dans lequel se complait l’adolescent peut être aussi vécu difficilement par le beau-parent, qui sentira ce comportement comme une atteinte à sa présence.

Il est très important que le couple en accord mutuel pose des limites et des règles, afin que l’univers familial n’ait pas à en pâtir face à la désorganisation du jeune. C’est justement à ces instants précis que celui-ci peut mettre en cause son désir de résider chez l’autre parent, et ce choix peut être très mal vécu par le parent à qui lui a été confiée la garde. Le parent se culpabilise alors de ne pas avoir fait de son mieux. Penser avec lui au meilleur endroit de résidence contribuera à préserver sa liberté et son droit de choisir, ce qui aura pour effet de diminuer les conflits d’opposition, afin que le respect soit réciproque.

L’adolescent est un être de paradoxe, à la fois il veut être autonome mais pourtant très dépendant. Etre trop autoritaire ou complice représente dans les deux cas un danger qui peut amener le beau-parent à être vite débordé. Plusieurs types de menace rôdent sur les dangers qui guettent l’adolescent. Une angoisse permanente se manifestant par des pleurs permanents ou par un enfermement. L’usage de drogues souvent prise en cachette des parents, qui très souvent doivent avoir recours à un professionnel afin de partager leurs inquiétudes concernant le jeune.

Il est évident que les relations seront d’autant plus faciles que l’enfant est petit, et seront plus compliquées dès lors que le beau-parent aura à faire face à un adulte. Dans le cas où la nouvelle compagne est mère et quelles que soient les raisons de cette naissance, il n’y a pas d’enfant non désiré. L’abandon d’un père lors d’une grossesse ou à la naissance est très souvent le fruit d’une enfance mal vécue, il est dès lors très important que le sujet se fasse suivre afin de pouvoir continuer sa vie positivement.

Il en va de même pour la mère qui solde cette arrivée de bébé par une réaction fataliste, en s’étant crue stérile, ou tout autre motif qui pourrait être vécu par l’enfant avec autant de rejet que de souffrances relationnelles avec ses parents respectifs. Très souvent, derrière tous ces motifs, il y a la transmission des affects transgénérationnels ; au travers de tout ça les parents seront plus à même de régler ce genre de problème.

Le beau-parent dans tous les cas devra faire preuve de bienveillance envers ce tout petit, et éviter toutes remarques concernant le parent qui l’aurait abandonné. Pour en venir à la garde d’un bébé, la séparation d’avec la mère ne peut être tolérée dans un délai trop long. Il est important d’entrecouper la période de vacances d’un mois par des interruptions, et ce, dans l’intérêt du bébé qui considèrera ses absences de sa mère comme des épreuves interminables. Progressivement l’intégrer dans une durée plus longue serait ainsi mieux vécu.

Dans le cas ou l’un des parents est décédé, le beau-parent sera amené à jouer un rôle important dans cette présence manquante, mais il ne remplacera jamais l’être disparu. Il est important que l’enfant puisse conserver des effets personnels lui appartenant, tout en ayant accès aux albums de famille. Il devra se sentir libre de parler à son parent d’évènements contribuant à maintenir un lien entre ces deux êtres.

Si tel n’était pas le cas, il se pourrait fort qu’à l’adolescence surgissent des révoltes suite au manque du parent. Dans le cas d’un suicide il est important que le parent verbalise cet évènement, en présence d’un psychothérapeute si cela s’avère nécessaire. En aucun cas le beau-parent n’est invité à briser le silence sur des secrets de famille dont il ne connaît pas toute l’histoire.

Dans le cas d’un remariage de l’un des parents, l’enfant devenu adulte peut ne pas accepter ce nouveau départ. Il est par conséquent primordial d’arriver à garder le lien dans la tolérance, mais non dans la rupture, ni dans la fusion. Une cassure dans la chaîne des générations serait préjudiciable à chacun. Ces crises relationnelles peuvent être évitées entre l’adulte et son nouveau parent, lorsque celui-ci manifeste devant lui du respect à l’égard de son parent, surtout si l’adulte confie ses enfants à ce nouveau couple.

En effet le parent a une préférence à confier ses enfants aux grands-parents ; la confiance sera d’autant plus d’actualité, dès lors que les grands-parents auront été à leur tour concernés par la problématique des familles recomposées. Il est donc important d’adopter le jeune adulte, enfant de l’autre, dans le fond de son cœur. Apprendre à admirer l’enfant de l’autre une fois son éducation terminée, contribuera à conserver le lien familial, et aura le mérite de créer des relations sympathiques.

Devant la complexité de la recomposition d’une nouvelle famille, il convient de dire comme le terme l’indique, qu’il se doit à chacun de composer avec ses différences afin de créer des relations de richesse. La racine essentielle se trouve dans le respect et l’amour de l’autre, tout en posant les limites à ne pas dépasser : les règles ont pour objet de protéger et de nourrir la relation, surtout dans un nouveau cadre de vie. Au nouveau couple de considérer les priorités, soit en continuant de vivre séparés dans l’attente d’une union possible, soit en réunissant ce petit monde en marquant précisément le territoire propre à chacun.

La question essentielle qui revient régulièrement c’est « comment se faire aimer de l’enfant de l’autre » ? En s’aimant soi-même on peut mieux aimer les autres. La solidarité du nouveau couple aura pour effet de les protéger des atteintes de l’enfant qui testera leurs limites respectives. Une éducation ajustée s’adressant aux enfants quelle que soit la parenté, en évitant les différences qui contribuent à dissiper les rivalités et les jalousies.

En cas de malaise entre le beau-parent et l’enfant de l’autre, il sera nécessaire de convenir d’une réunion de famille afin de clarifier la situation, afin de dissiper les malentendus. Favoriser l’entente entre quasi frères et sœurs par la valorisation de leurs différences, en respectant le territoire privilégié de chacun, contribuera à la bonne entente collégiale. Conjuguer humour et bien-être favorisera une relation qui semblait à prime abord compliquée.

Trouver l’harmonie est donc une question de volonté autocritique. Il est donc primordial que le parent séparé puisse conserver une complicité qui saura aider l’enfant à créer un lien entre les foyers recomposés, dans un équilibre qui l’aidera à se construire. Le beau-parent peut aussi par son attitude et le regard porté sur l’autre parent, être un grand soutien à l’égard de son compagnon, quand les relations avec l’ex s’avèrent des plus hostiles.

L’enfant de l’autre lui sera d’autant plus reconnaissant qu’il aura contribué à la réconciliation des parents. Faire preuve de souplesse face aux demandes de l’enfant, s’adapter à des changements de droit de visite tout en posant les limites dans le but de protéger le couple. Une main de fer dans un gant de velours…

L’adoption sentimentale peut aussi précéder une adoption filiale auquel cas l’enfant bénéficie des mêmes droits que l’enfant légitime. L’autorité parentale ne peut être exercée dans ce cas qu’avec l’accord du parent ou des parents. L’adoption simple légalise ce lien, l’enfant conserve sa relation avec ses proches. L’adoption est plénière lorsque l’un des parents est inconnu, décédé ou non reconnu.

L’enfant porte le nom du parent adoptant mais peut aussi conserver son nom d’origine dès lors qu’il atteint l’âge de 13 ans. Dans les deux cas une requête au Tribunal de grande instance doit être réalisée, en précisant le type d’adoption choisie. Le juge sera amené à statuer dans l’intérêt de l’enfant et rendra sa décision dans un délai de 6 mois.

Notre société du 20^ème siècle est confrontée à cette problématique de manière constante, influencée par les changements socioculturels ; elle devra s’adapter rapidement à des mutations. Pour les enfants de demain, les parents génétiques ne resteront pas toujours les couples de naissance. Après une séparation, une perte d’un parent, un « couple d’éducation » va naître et veiller à ce que les enfants reçoivent respect, protection et éducation.

Une solidarité sociale autour de ces enfants s’articulant autour des grands-parents, des amis, des éducateurs, des psychologues, autant d’intermédiaires pour aider les parents ou les beaux-parents à adopter ces enfants qui connaissent des foyers successifs. Si notre société ne veille pas à préserver le droit de l’enfance des petits, nous porterons la grave responsabilité quant à la violence du monde qui risquerait de devenir impitoyable et dure.

Conclusion et commentaires

Nous parents devons toujours nous adapter à l’éducation de ces enfants qui ne sont pas les nôtres. Notre regard sur nos enfants légitimes est bien différent par rapport à celui que nous portons sur l’enfant de l’autre. Ne jamais remplacer le parent absent en prenant sa place qu’il soit vivant ou absent, cet enfant qui n’est pas le sien est dépositaire d’un héritage où le beau-parent n’est pas génétiquement concerné, que ce soit dans les émotions, dans l’échange affectif, que dans cette transmission d’une histoire personnelle qui risquerait ne pas lui convenir.

Notre engagement avec notre conjoint nous invite à être le plus ajusté possible dans ce que nous interprétons ou faisons vivre à cet enfant, en évitant toutes formes d’injustices et de comparaisons d’avec nos enfants légitimes. Le territoire de chacun est à protéger d’une manière scrupuleuse, et la démission d’un parent face à ses enfants est inconcevable, ce qui mérite un repositionnement de chacun par rapport à ses enfants respectifs. La relation privilégiée ne doit surtout pas être violée par l’autre parent.

A la perte d’une conjointe, les hommes ont tendance à laisser leur nouvelle compagne se charger d’un poids trop lourd, qui se soldera bien évidemment par des conflits à court terme. Ne pas juger le parent légitime dans le regard qu’il a vis-à-vis de son enfant et l’intérêt propre qu’il lui porte, encore une fois le beau-parent ne peut ressentir les mêmes émotions. Je dirais que cette recomposition familiale nous pousse à être le plus possible en vérité, d’autant plus que nous sommes observés en permanence par des enfants qui chercheront tous les moyens possibles pour nous diviser.

C’est alors que nous prenons conscience que nous devons être solidaires dans nos décisions, que ce soit pour donner un accord ou un refus à nos enfants, sans distinction de personne, juste dans le but de se protéger des abus qui sont ni plus ni moins des tests sur nos limites. La tâche dans laquelle nous nous sommes engagés est loin d’être terminée, même si les grands quittent le foyer, nous devons entretenir de relations saines afin qu’ils ne se sentent pas exclus de la relation. En conclusion, nous sommes les piliers de cette nouvelle famille, à charge de la faire grandir dans la justice et l’amour. C’est dans la mesure que nous prenons soin de notre couple et de nous mêmes que nous prendrons mieux soin de ces enfants. En vérité nous serons, en vérité nous récolterons ce que nous avons semé.

Je regrette que l’auteur n’aborde pas précisément les rapports dans le couple qui me semblent essentiels à la réussite de ces familles où tout est déjà bien compliqué. Très souvent un divorce ou une séparation ne résolvent pas le problème de fond et avant de s’imposer des recettes de comportement à mettre en place, il me paraît important que les parents aient à se remettre en question sur leurs problèmes réels relatifs à leur échec.

Souvent les enfants reporteront inévitablement les mêmes schémas, même si les parents ont recomposé une autre famille. Je dirais même que les comportements qui sont suggérés sont à appliquer même dans une famille biologique. Se soustraire à ces règles, quel que soit le mode de vie familiale, ne fera que plonger le parent dans un désespoir, qui remettra en cause l’éducation qu’il aura donnée à son enfant.

Résumé de « L’enfant de l’autre ou les clés d’une nouvelle vie de famille réussie », d’Edwige Antier.

Devant l’augmentation croissante des divorces, l’allongement de la durée de vie, l’amélioration de la santé, de la vitalité, le souci des femmes sur leur entretien physique, le recul de leur fécondité grâce aux méthodes de procréation médicalement assistée, leur capacité à s’émanciper grâce à leur activité professionnelle, la difficulté des hommes à trouver leur rôle dans la nouvelle conjugalité, autant d’éléments qui bouscule la parentalité. Pour les enfants de demain les parents génétiques ne resteront pas toujours le couple de naissance ; et après une séparation, l’enfant connaîtra un autre couple d’éducation. Il risque même de connaître des multifoyers parentaux dès sa conception. L’enfant de l’autre n’est d’ailleurs pas toujours le résultat d’une séparation, ce peut être un enfant adopté, ou le fruit d’une fécondation in vitro avec donneur de sperme, donneuse d’ovule.

Comment accueillir l’enfant de sa nouvelle compagne, de son nouveau compagnon ?

ü L’enfant ressent le changement dans lequel le parent s’installe, un remplaçant se profile, sans explication, et l’évènement suscite des réactions sur sa santé qui questionnera son parent par son corps. Plus lourd sera le secret, plus lourd sera l’accueil du remplaçant. Il n’y a pas de séparation sans souffrance parentale, et l’enfant en porte les cicatrices.

ü Les rivalités et les jalousies parentales ne favorisent en aucun cas le passage de l’une à l’autre des familles, et ne font qu’alourdir le fardeau de cet enfant, qui ne fait que se sentir coupable d’une telle mésentente.

ü En cas de séparation, les rapports parentaux peuvent conserver affection et complicité dans bien des domaines, favorisant un équilibre affectif indispensable à l’enfant.

Lors de la toute première rencontre le beau-parent devra rester simple sans trop le questionner, avec beaucoup de respect afin d’éviter tout sentiment de malaise. Un peu comme s’il se trouvait devant l’enfant d’un ami. L’idéal qu’il est souvent amené à imaginer lors de cette rencontre, risquerait de se trouver compromis par le comportement de cet enfant qui souffre déjà de la séparation de ses parents.

ü La plupart des beaux parents préfèrent être appelés par leur prénom, le choix de cette appellation peut s’établir après concertation.

ü Le beau-parent ne se substituera pas au parent absent, et ne devra pas imposer des règles qui bousculent l’éducation qui lui a été donné. Au même titre le parent ne devra pas se décharger sur son conjoint de l’éducation qu’il aura à donner à son propre enfant.

L’image de mauvaise mère et de mauvais père que peut transmettre le beau-parent, est préjudiciable à l’enfant et remet fortement en cause l’image qu’il porte à son parent.

ü Il n’est pas le vôtre, ses différences ne doivent par faire l’objet de comparaison entre les enfants, ce qui aurait pour effet de créer des rivalités ou des jalousies. Les paroles humiliantes qui portent atteinte à l’identité de l’enfant engendrent des relations hostiles, qui peuvent mettre en péril son équilibre affectif.

ü Un réaménagement du territoire en accord avec les enfants qui résident majoritairement au sein du foyer, pourrait faire l’objet d’une meilleure intégration de l’enfant de l’autre.

ü Le beau-parent tâchera de ne pas faire d’intrusion dans ce territoire privilégié en fouillant dans ses affaires sans son accord.

ü Le beau-parent évitera de porter atteinte à la pudeur de l’enfant, ce qui risquerait de marquer d’autant plus les frontières de sa vie intime. Tout geste déplacé ou tout attouchement est à proscrire.

ü Les changements de son mode de vie doivent se faire avec beaucoup de vigilance, afin de ne pas porter atteinte à son intégrité.

ü Le beau-parent ne doit pas opposer volontairement le parent à son enfant, surtout si ce dernier n’en n’a pas la garde. Il devra donc régler son différend sans utiliser d’intermédiaire.

ü Favoriser des moments privilégiés dans les rapports de qualité entre le parent et son enfant lors de retrouvailles, contribuera à l’aider à accepter d’avantage cette recomposition.

ü Poser des limites pour tout abus, que ce soit avec l’enfant ou avec l’autre parent ; le couple devra rester solidaire.

Laisser à l’enfant le choix de la résidence.

ü Favoriser les échanges avec l’autre parent par des moyens de communication : mails, téléphone… sans s’immiscer dans la conversation, tout en posant des limites.

ü Eviter de trop laisser l’enfant seul lors de ses visites ponctuelles, ou de le charger de la garde de la nouvelle progéniture.

ü Aménager les temps de vacances de telle manière que chacun puisse trouver son équilibre.

ü Pour un bébé, l’absence de sa mère ne doit pas être trop longue. Il convient d’entrecouper la durée des vacances par des interruptions, dans le but de favoriser une intégration progressive.

ü Le beau-parent ne devra pas prendre l’initiative de mettre au grand jour une affaire de famille, et tout principalement suite à l’absence d’un parent quelle en soit la cause.

ü Pour se faire aimer de l’enfant de l’autre, il faut le respecter en montrant que son parent est accepté et toléré. En s’aimant soi-même on sait mieux prendre soin de l’autre.

ü Tout symptôme de mal-être que l’enfant manifeste doit faire l’objet d’un suivi médical et très souvent une thérapie familiale peut aider la nouvelle famille à mieux identifier les besoins de chacun.

Une solidarité sociale est indispensable autour des parents et des beaux parents pour donner à l’enfant de l’autre toutes ses chances d’épanouissement.

De quoi est composée cette solidarité sociale ?

ü Des grands-parents paternel et maternel.

ü Des médecins : pédiatres, psychologues, généralistes, spécialistes.

ü Des amis

ü Les parrains, les marraines.

ü Tous les membres de la famille

ü Des juges, des responsables politiques

S’il faut tout un village pour élever un enfant, que nul n’oublie qu’un enfant a toujours besoin d’une mère et d’un père, où qu’il soit, pour devenir grand.

L'enfant de l'autre

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